The Gifted Family : des portraits de surdoués, loin des clichés

exposition photo douance surdoué haut potentiel

Lorsque j’ai entrepris ce travail de portraits, je dois avouer … que je ne pensais pas parvenir à l’exposer !
Puis les modèles volontaires se sont rendus disponibles, tout s’est bien enchainé et contre toute attente, un mois plus tard, je présentais cette série lors d’une exposition à Marseille. Les photos ont reçu un très bon accueil, plusieurs visiteurs qui connaissaient peu ou mal ce sujet on été chamboulés de le redécouvrir sous un nouvel angle. J’ai été souvent remercié et cela m’a touché. Je tiens à remercier très chaleureusement à mon tour tous ceux qui m’ont soutenu, que ce soit les personnes qui témoignent à visage découvert, ceux qui m’ont conseillé et aidé à aboutir cette série, ma famille qui m’a fait confiance, et ma chérie qui a supporté que j’y passe tout mon temps !

Voici donc en ligne cette série de photos qui me tient particulièrement à cœur.
Ces photos (comme toutes celles du site) sont soumises au droit d’auteur. Vous pouvez les partager sur les réseaux sociaux et les blogs, mais pour d’autres usages, merci de me contacter par email (oh.antoine@yahoo.fr). Dans tous les cas, citer le blog et le copyright, merci ! 🙂

Pour un affichage optimal des photos, cliquez dessus pour les agrandir. 

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THE GIFTED FAMILY

Quand les surdoués se dévoilent

Texte et photos ©Antoine Martin-Chave pour auxzebresheureux.com

Les « surdoués » sont des personnes disposant de capacités intellectuelles très supérieures à la moyenne. C’est par ce biais que la société les qualifie. Mais l’image que véhicule la notion de surdouement est généralement empreinte de fantasmes, de clichés et de stéréotypes, très éloignés de la réalité.

D’autres termes existent, qui signifient tous la même chose : doué, haut potentiel, précoce, cerveaux droits, surefficients mentaux, high-ability people, gifted… ainsi qu’un cortège d’acronymes : APIE, EP, EIP, HP, HPI, HQI… et qu’un vocabulaire plus imagé : zèbres, tigres, guépards, albatros… Bien qu’ils obtiennent généralement d’excellents résultats aux tests de quotient intellectuel (QI), les surdoués sont rarement des génies. Estimés à 2% de la population, ces personnes – toutes différentes les unes des autres – disposent d’une forme d’intelligence et d’un système de pensée différents et parfois d’une personnalité atypique.

Dans leur cerveau, les vitesses de transmission sont plus rapides et l’hémisphère droit prédomine. La pensée est le plus souvent en arborescence et le « petit moulin » dans la tête tourne sans arrêt, ce qui peut être utile, mais aussi épuisant et difficile à gérer. En terme de personnalités, les surdoués sont généralement hypersensibles, avec une forte réactivité émotionnelle et une grande empathie. Ils peuvent être en ingérence affective constante. Ce sont des caméléons plus ou moins bien dans leurs baskets, plus ou moins au fait de leurs particularités, souvent coupés de leur ressenti émotionnel et souffrant parfois d’un fort sentiment de décalage.

Titouan

18 mois
Non diagnostiqué
Grand fan des chats, des chiens, des livres, des motos et de l’eau

A quel âge commence la douance ? On nait ainsi, tout simplement. Si certains comportements peuvent permettre de déceler cette particularité, le premier test fiable n’est envisageable qu’à partir de 2 ans et demi. L’enjeu est donc d’accueillir l’enfant tel qu’il est, sans l’étiqueter mais sans brider non plus une éventuelle précocité.

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Matthis

6 ans
Diagnostiqué à 5 ans (WPPSI3)
Élève, joue à l’escalade, au bateau et à la barre, tambourinaïre

« Il comprend vite, assimile vite, est autonome et très débrouillard. Tout est facile pour l’instant. Si quelque chose lui pose problème, il l’analyse et voit s’il est capable de le résoudre. Si ce n’est pas le cas, il passe à autre chose. »

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Louison

11 ans
Diagnostiquée à 7 ans (WISC4)
Collégienne, danseuse, scoute, dessinatrice, lectrice

« J’ai souvent des difficultés pour m’endormir, je n’ai pas trouvé le bouton « off » de mon cerveau et il fonctionne tout le temps… Je me sens aussi comme une éponge à sentiments : j’absorbe toutes les émotions autour de moi, et d’un coup y’a tout qui ressort, comme quand on presse une éponge ! »

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Tiana

18 ans
Diagnostiquée à 12 puis 15 ans (WISC4)
Étudiante, auteur interprète, écrivaine, manga addict

« Pour mon psychiatre, un surdoué était un génie qui sait tout. A cause de ces stéréotypes, il était tellement inconcevable que mon surdouement soit la cause de mes angoisses, que j’ai été diagnostiquée schizophrène. J’ai été médicamenté, et hospitalisée pendant des mois pour ça. J’avais 13 ans, j’étais une enfant… Ça m’a rendue très très mal. »

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Matthias

27 ans
Diagnostiqué à 26 ans (WAIS4)
Vendeur en magasin bio, musicien, dessinateur, programmateur web, geek écolo

« C’est un peu comme voir le monde en 4D : il y a une dimension entière dont on ne peut pas parler car pour les autres, il n’y en a que trois. Empathie, intuition, hypersensibilité… c’est difficile à expliquer. Le plus dur c’est le sentiment d’exclusion, d’être à contre-courant pour tout, tout le temps. »

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Thomas

33 ans
Diagnostiqué à 30 ans (MENSA, test court donnant une indication mais sans validité)
Banquier, éducateur sportif, thérapeute bénévole, peintre

« Longtemps, j’ai cherché le bonheur pour échapper à mes souffrances. C’est le jour où j’ai affronté ces souffrances que j’ai trouvé le bonheur. Plus de peur, de tristesse, ni de colère ; tous ces sentiments qui rongent les hypersensibles. »

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Céline

39 ans
Diagnostiquée à 37 ans (WAIS4)
Musicienne intervenante, prof de musique et de chant, chanteuse, chef de cœur, en reconversion

« J’ai compris que je n’ai pas besoin de travailler beaucoup, j’ai les moyens d’apprendre ce dont j’ai envie. C’est bien plus dur de gérer le yoyo émotionnel. Quand je vais bien je vais très bien, quand je vais mal je vais très mal. Une petite chose anodine pour les autres peut me mettre dans un état de malaise extrême et bloquer complètement mon potentiel.»

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Julien

41 ans
Diagnostiqué à 35 ans (WAIS3)
Entrepreneur, directeur financier, écrivain, collaborateur de think tank, coureur

« Je vois les surdoués comme des lanceurs d’alerte, car notre pensée et nos émotions sont mêlées. Nous pouvons repérer et dire des choses qui ne fonctionnent pas, que tout le monde pourrait voir. La société nous apprend séparer émotionnel et rationnel, or nous avons tous besoin de savoir les combiner. De ce point de vue, je me considère comme tout le monde. »

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Fatima

50 ans
Diagnostiquée à 38 ans (WAIS4 dans le cadre d’un recrutement)
Chef d’agence de voyage, conseillère, secrétaire de direction, photographe, en recherche d’emploi

« Je n’ai jamais été scolarisée et j’appris le français seule en regardant Des chiffres et des lettres. Puis l’arabe dans un livre, à partir du français. Être un peu différente était alors une chance. Aujourd’hui ça me rend triste de ne pas pouvoir aller au même niveau que tout le monde : ça ne va pas assez vite, je m’ennuie souvent. Quand je pense ça, je m’en veux et je me trouve égoïste. »

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Bruno

58 ans
Diagnostiqué à 52 ans (WAIS4)
Architecte, musicien, chanteur, avironiste, bénévole auprès de gens de la rue

« On est cantonné dans une différence, il y a un problème de regard. C’est la double peine : ce n’est pas simple à vivre tous les jours, et en plus on ne peut pas le revendiquer pour être acceptés, à la différence d’une maladie ou d’un handicap. Il faut pourtant que les gens se rendent compte, il pourraient ainsi comprendre et accepter les manifestations de nos caractères atypiques. »

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Marie-Ange

64 ans
Non diagnostiquée
Ingénieur en informatique, musicienne, conteuse, syndicaliste, magicienne, danseuse, confiseuse

« Je souffre de constater combien nous acceptons de vivre cachés, non nommés donc n’existant pas, niés, et brimés, agressés… Et je pense que ce n’est qu’en sortant de notre silence, en osant être « nous » à la face du monde que nous avons une chance d’obtenir peu à peu notre place sur terre. Comment accepter que tant de souffrance soit vécue, sachant qu’au mal de vivre s’ajoute la jalousie, l’injustice et la cruauté de la société qui nous rejette ? »

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Que vous a inspiré cette série ?

De mon côté, c’est un travail que j’espère continuer et approfondir… à suivre donc !

 

19 réponses à “The Gifted Family : des portraits de surdoués, loin des clichés

  1. Excellente initiative, qui rend ce surdouement, moins schématique, plus complexe et plus proche humainement. J’ai un fils autiste, de 25 ans. La différence, de perception et de sensibilité, m’est donc quelque chose de familier.

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  2. Un article qui résonne fort, et qui me fait me sentir moins seule. Mais si je commence à assumer aux yeux du monde, c’est quand même toujours à demi-mot. Peut-être un jour, n’aurais-je plus peur des préjugés ? En attendant, c’est ce genre de projets qui fait beaucoup de bien !
    Alors merci !

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  3. Pingback: aux zèbres heureux | Planète surdoués·

  4. Super travail et très bonne idée de donner la parole aux  » zèbres  » de tout âge.
    Ce que je retiens: le grand nombre d’informations perçues grâce a l’hyper connectivité et et l’hyper sensibilité, demande à tout âge une stratégie de gestion de traitement pour éviter l’épuisement, une stratégie de communication pour éviter la mise à l écart et l’incompréhension des autres et souvent la dépression.
    De mon expérience comme maman de zebre, je conclue qu’ être diagnostiqué est le point de départ pour la sérénité. Bien se connaitre, comme le dit thomas, affronter ses souffrances, est la clé. Ne pas hésiter à faire appel à un spécialiste pour intellectualiser son vécu et se libérer des émotions anonymes captees au quotidien.
    Ce que j’adore entant que zèbre se sont ces rencontres avec d autres zebres. Les échanges sont stimulants et le sentiment d’appartenance à un groupe renforce la confiance en soi.votre travail y participé. Merci

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  5. Marie-Ange semble si triste, tout son corps parle de ça…
    Si notre conscience perçoit les choses en noir et blanc, nous sommes dans le non équilibre et la souffrance forcément.
    Regardons en couleur, tient ce matin c’est un ciel bleu que j’observe, il est beau ce bleu.

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  6. Je me retrouve dans chacun de ces témoignages… merci pour ce travail. Ça me touche beaucoup…! c’est vrai que ce n’est pas facile de vivre avec ses différences sans pouvoir les expliquer… de peur de ce que ça pourrait réveiller en face. Diagnostiquée depuis août seulement, avant je me croyais plus bête que la moyenne parce que personne ne rejoignait mes pensées et j’avais honte de mon hyper sensibilité, enfin plutôt de l’instabilité résultante à celle-ci. Maintenant j’apprends à voir la vie à travers ce nouveau filtre, d’aborder tout ça avec bienveillance. Ce n’est pas toujours évident… Le petit vélo (mes pensées) est toujours en marche… pour le meilleur et pour le pire.

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  7. Bonsoir à tous,

    Il s’agit là d’une très belle initiative.

    Le fait d’etre différent dérange toujours fortement la norme. J’ai trop entendu cette phrase ‘tu n’es pas comme les autres’ mais je sais à présent le pourquoi de la chose, et ce, depuis le mois de Février 2015 alors que j’ai 44 ans.

    Je ne me retrouve pas dans la société actuelle et j’ai peur d’annoncer à certaines personnes que je suis surdouée car il en découle beaucoup de préjugés. Et franchement je veux éviter une jalousie déplacée ou des remarques désobligeantes alors qu’ils n’imaginent meme pas les souffrances vécues depuis l’enfance, le décalage et l’adaptation permanente et les immenses blessures et déceptions.

    J’aspire à trouver la voie ou les voies pour etre heureuse, pour développer mon potentiel et sortir de cette si lourde chrysalide mais je cherche sans trop par ou commencer.

    J’ai été très touchée par la saga des films Divergente, je m’y retrouve complètement… et ces deux films mènent à une réflexion plus profonde.

    Une zèbre pleine de colère et contrariée mais qui ne désespère pas d’etre heureuse un jour… le plus tot étant le mieux !

    Bon courage à tous

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  8. Très touchant…et si parlant, quel que soit l’âge.
    Ce qui m’est venu à l’esprit est en premier lieu le mot « courage » : bravo à ceux qui ont acceptés d’être photographiés et placer des mots sur leur vécu. Je trouve ça juste…énorme, moi qui lutte encore envers moi-même pour me fondre dans la masse et me protéger…au prix de tant de souffrances !

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  9. Bonjour ! J’ai beaucoup apprécié cette galerie ainsi que les textes accompagnant les photos. Merci pour ce travail humainement et artistiquement émouvant !
    A vrai dire, il m’a suffi de voir la galerie en haut de page (bien que de format réduit) pour comprendre ce que tous ces visages avaient en commun ; j’ai été frappée par l’éclat du regard de chacune de ces personnes. Si leurs âges et leurs physionomies sont différentes, leur regard est le même, il exprime tant de choses. Je le connais ce regard, c’est celui que je croise tous les matins dans le miroir de la salle de bain. Un regard qui exprime des sentiments perpétuellement contradictoires, entre révolte et compréhension, entre mal-être et joie de vivre, entre connexion à notre environnement et sentiment intense d’abandon et d’isolement ; une quête permanente d’absolu, de connaissance, d’acceptation par autrui, de reconnaissance de nos qualités de cœur malgré notre différence ; une recherche qui à mon avis n’en finit jamais mais vaut la peine d’être tentée.
    On dit souvent qu’un zèbre a dans ses ancêtres un autre zèbre ; cela ne m’étonne pas plus que cela, j’ai identifié plusieurs « suspects » dans ma famille. Au quotidien, soyons francs, tantôt c’est sympa d’être zèbre, tantôt c’est vraiment « la merde » (bel euphémisme !), mais je ne peux que me réjouir d’être née à une époque où, malgré des clichés et contraintes sociales encore fortes, on PEUT aborder le sujet de la douance. En tant que femme, je suis heureuse de ne pas être née il y a un siècle, car j’ignore comment j’aurais évolué, sans par exemple la psychanalyse qui m’a rendu service par le passé.
    Joyeux Noël à tous ! 🙂

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  10. Quelques larmes que je n’ai pu retenir en lisant cet article et les commentaires associés. J’ai par habitude de ne pas trop m’attarder sur les textes / photos et de tout lire en diagonale.
    J’ai lu l’article, les commentaires, et suis remonté pour regarder entre autre la photo de Marie-Ange, comme l’a indiqué jo, qui semble d’une profonde tristesse de tout son corps. Très émouvant.
    Puis j’ai remonté une fois de plus la page pour admirer le regard identique de toutes ces personnes comme l’a suggéré Amélie… En effet, je me reconnais également.

    Contrairement à ces gens je mène une double vie.. Hypersensible chez moi, hyper-éloigné avec les autres. Je ne partage que ma joie. Après 25 ans et un retour sur mon passé – je n’ai découvert ma douance que cette année – je me pose beaucoup de questions, et me demande si la vie n’en serait pas mieux en s’assumant entièrement… Chose qui me semble pour le moment infaisable, sans passer pour un fou en changeant du jour au lendemain ! Wait and see…

    Merci à l’auteur pour cette touche de tristesse et de joie à la fois !

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    • Junglerun, je crois que, doué ou pas, la vie devient plus sereine à partir du moment où l’on s’assume tel que l’on est, où l’on agit en accord avec sa conscience, où l’on se connaît suffisamment bien pour ne plus se laisser influencer dans ses propres choix.
      La première étape est de parvenir à bien se connaître, tout en sachant que l’on évolue au fil du temps et au gré des expériences. Cela prend du temps et à mon avis c’est perpétuellement en chantier. Ensuite, il faut se faire connaître des autres, de nos proches qui ont de nous une vision stéréotypée (tu étais un petit garçon comme ceci, tu as toujours aimé faire cela). Il faut également faire des rencontres, car en prenant l’habitude de s’isoler (pour se protéger) il est plus difficile de s’assumer une fois dehors. Je ne dis pas rencontrer n’importe qui, mais échanger avec des gens à même de nous comprendre. Et je crois que ce n’est qu’avec tout cela (et peut-être d’autres paramètres que j’ignore encore) que l’on peut vraiment s’assumer et arrêter de croire même inconsciemment que l’on est une anomalie dans le système solaire.
      Tu as déjà commencé la démarche en découvrant ta douance, ce qui a fourni des réponses à un certain nombre de questions que tu te posais sur le passé et ta construction. Si je voulais te donner un conseil, ce serait : « N’y vas pas trop vite, mais vas-y néanmoins ! » Je suis convaincue que ton épanouissement à long terme est lié à ta capacité à t’accepter, à t’assumer complètement, et à la capacité de ton entourage à accepter ton vrai toi. Mais, comme tu le soulignes, l’entourage ne nous comprend pas forcément, aussi ça peut être bien d’y aller en douceur.
      Ce n’est pas seulement une exhortation pour toi, je m’efforce de faire la même chose ; j’ai qq années de plus dans la vie, et qq années de plus sur ce chemin, et crois-moi c’est dur (et surtout long) mais ça en vaut la peine. Courage !

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  11. Pingback: 2 ans d’Oh Zé ! | Aux Zèbres Heureux·

  12. J’ai laissé passer quelques semaines .. d’incompréhension de ma part, sur cette image de moi (marie-ange), tellement désastreuse ! Inacceptable pour moi.
    Je me disais, mais non, c’est pas moi ! Ce n’est pas la pétillante marie-ange du miroir, celle qui fait rire ses amis ou qui les charme J’ai des tonnes de photos de moi et aucune n’a jamais montré cette décomposition pitoyable, bien au contraire !

    Pardon de vous avoir perturbés par cette immense tristesse !

    Ce n’est qu’aujourd’hui que j’y reviens .. presque un an après, et je suis obligée d’admettre que ce jour là, j’avais vraiment exprimé cette tristesse devant l’appareil photo. Il m’a fallu tout ce temps pour l’admettre.
    Et puis, justement, je venais pour dire la douleur de la jalousie subie, le chaos de l’exclusion, du ‘pas le droit d’exister ainsi’ etc .. et ma conviction qu’il faut cesser de se cacher !

    Je pensais avoir montré un visage aimable et paisible… Alors quel choc de découvrir cette décomposition…
    Mais en fait mon visage, mon attitude, révélaient le sens de ma participation !

    Je voudrais quand même vous rassurer : Même si cette douleur existe, oui, et ce jour là elle s’est vue. Ô combien ..
    Sachez que vous avez vu mon plus tragique, mon plus triste, et sachez que dans sa vie, la Marie-Ange a réussi à gambader sur ces sols brûlants, joyeusement et dynamiquement, qu’elle sait se réjouir de ses richesses qui sont les soeurs jumelles de la souffrance … elle sait les communiquer, les partager, les transmettre .

    J’ajoute que j’ai eu la chance rare … que mes parents me mettent sur un piédestal (cf mon prénom par ex…) D’accord, cela renforce l’angoisse mortelle de la découverte de l’imposture, mais j’en ai conçu une très grande confiance en moi. Je sais que c’est une grande chance; Il y a tellement de gens qui souffrent de manque de confiance en eux et c’est la source d’échecs innombrables. Je le constate si souvent, lorsque l’on vient me faire des confidences.

    Pardon pour ma tristesse, mais mon message était tragique.
    Et maintenant, en avant la musique !!!

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  13. Quelles belles différences! Je suis d’une famille très large de hp de tous sens, allant du musicien d’oreille au médecin qui ne sait quelle spécialisation choisir en passant par toutes les autres possibilités donc je suis tombée dedans quand j’étais petite mais ça ne vous donne pas les armes pour aider vos enfants. C’est par et pour eux que je réalise comment je ne fonctionne pas comme tout le monde. Avant, pour moi, j’étais asociale, incapable de me mêler aux autres sans me sentir hors du groupe? J’ai d’ailleurs fini par bosser seule en me disant que c’était moi le problème. Je suis comme Louison, une éponge à émotion mais incapable de me rendre compte que mon compagnon a enlevé une porte tellement mon cerveau est occupé.
    A côté de ça, je pense que cette différence est une chance, et c’est le seul petit micro point un peu négatif par rapport à ce travail. Contrairement aux photos qui sont toutes « tristes » ou sérieuses.
    C’est une chance de pouvoir avoir ce 6ème sens qui me permet avant que mes enfants le sachent de savoir leur poser la question de ce qui coince à l’école, de pouvoir ressentir si une amie est en détresse même si je ne suis pas toujours à même d’y répondre, je peux essayer de faire en sorte que d’autres le fassent.
    De comprendre l’importance de leur apprendre à se servir de leur tête plutôt que de simplement emmagasiner les leçons. Mon fils étudie en chantant parce qu’il associe les sons au texte, j’adore!!!
    Mes filles sont émerveillées par les noms des fleurs dont elles se souviennent parce qu’elles y ont associé l’odeur ou l’image de l’endroit où on les a découvertes.
    C’est aussi un bonheur que d’être hyper sensible parce qu’il n’y a pas que le mauvais côté, la sensiblerie, il y a aussi les odeurs du bonheur de quand j’étais petite comme les madeleines de Proust, j’en ai des million comme celle-là. C’est aussi le bonheur de faire découvrir à mes enfants des gouts ou des textures peu communes pour des enfants de 4-6 et 9 ans.
    Encore merci pour ce beau reportage.
    Marine

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    • Merci pour ce commentaire ! Ca alimente mes réflexions pour la suite. Effectivement cette première série semble « sérieuse » mais je pense à une suite plus décalée, car la réalité de la douance est ainsi

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