Mais pourquoi n’ouvrent-ils pas les yeux ?

Delphine surdoue temoignage(Suite du témoignage de Delphine, 36 ans)
J’ai toujours cherché à être avec des gens comme moi, et ce qui m’a manqué, c’est de ne pas en trouver de mon âge dans l’enfance et l’adolescence.
Aujourd’hui, je me sens toujours différente de la plupart des gens, mais je commence bizarrement à trouver ces personnes très intéressantes. Je m’ennuie moins. Je suis beaucoup plus tolérante, je ne m’énerve quasiment plus quand je suis devant un cas de crétinisme avéré. J’arrête de demander aux gens d’être autre chose que ce qu’ils sont, car finalement c’est très bien ce qu’ils sont. Depuis assez récemment, je suis donc moins exigeante, casse-bonbon tout le temps, élitiste ou intolérante. Avant d’évoluer, j’avais des accès de colère, parce que les gens ne pigeaient pas, que ça n’allait pas aussi vite que ce que je voulais. Ça me faisait enrager : « Mais bon sang pourquoi n’ouvrent-ils pas les yeux ? ».

Ma manière de voir a changé probablement depuis que j’ai eu un enfant. Ma conscience de décalage était là, je vivais ça comme une différence, que je gérais car j’y étais habitué, mais j’ai maintenant un autre stade de compréhension. Je suis vraiment dans la compassion envers ceux qui ne voient pas, qui ne ressentent pas. J’accepte les « limitations » des autres, non pas avec une notion péjorative, mais une acceptation pleine. Je le constate dans mon travail en librairie : je ne vais pas commander que des livres pour des esthètes ou les gens hypersensibles, il faut que tous puissent sortir du magasin avec quelque chose qui leur corresponde.

Delphine surdoue temoignage

2 réponses à “Mais pourquoi n’ouvrent-ils pas les yeux ?

  1. Pouvez-vous élaborer un peu plus comment vous êtes devenue aussi tolérante? Je suppose que c’est l’amour de votre enfant qui vous a nourri. Pour ma part, je ne le suis plus (tolérant). Avant, je me disais que si je me contentais d’être patient et de leur donner ce qu’ils leur font plaisir, ils finiraient par évoluer, je les aimais bien au fond. Mais voilà, non seulement ils n’évoluent pas mais en plus ça me blesse profondément le jour où je leur demande de l’aide, un peu de soutient, et qu’ils ont l’air de s’en foutre de ne pas comprendre… J’attendais de la réciprocité. Ça me donne l’impression que toutes mes amitiés passées n’en étaient pas des vraies, que c’était l’indifférence que j’ai pris pour de l’acceptation. Alors comment continuer comme ça et se trouver des vraies bonnes relations?

    J’aime

  2. @Alexandre, ce n’est pas évident à expliquer car je n’ai pas cherché à être plus tolérante. C’est arrivé par nécessité je crois. Puisque c’est beaucoup d’énergie gâchée de ce mettre les nerfs; rappeler à soi la douceur, la patience, comme dans une profonde inspiration, permet au contraire de s’économiser. Peut être faut il se l’implanter comme un réflexe de survie. Juger est aussi fatiguant, alors que suspendre son jugement me semble bien plus agréable à faire. J’aime rester sur un « ah bon, attendons pour voir… ». Pour ce qui est des amis c’est autre chose, j’en parle un peu plus loin dans mon témoignage, si ça ne s’éclaire pas plus à vos yeux je pourrais y revenir.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire