Un long silence de 2 ans : pourquoi ?

2 ans.
2 ans de break.
2 ans que je n’ai rien publié sur Oh Zé.

Bon sang c’est long quand même ! Et paradoxalement c’est passé incroyablement vite.

Y a t-il encore du monde qui suit ce blog ? En fait je sais que oui, car malgré cette pause conséquente, le nombre de connexions n’a cessé de progresser, ainsi que les abonnements. Bien sûr beaucoup de personnes ont décroché, faute de contenu. Mais beaucoup aussi ont continué à m’écrire, à me raconter leur découverte de la douance, et combien certains témoignages les ont aidé à comprendre, à passer ce cap souvent difficile et bouleversant. Je dois des excuses à celles et ceux qui m’ont contacté et à qui je n’ai pas trouvé le temps de répondre – ce n’était pas par manque d’intérêt. Ce sont justement vos messages, vos remerciements et vos encouragements qui me poussent aujourd’hui à reprendre ce travail d’interview.

Alors, que s’est-il passé pendant ces deux longues années ? Pourquoi ce silence ?

Et bien… je me suis effondré. Totalement. Un bon gros burn-out, complètement classique. Comme on lit dans les bouquins, les articles et les études. Un triple effondrement en fait, physique, psychique et professionnel, donc les conséquences pour moi ont été multiples. Peut-être aurais-je l’occasion de vous raconter ça, de trouver les mots pour écrire un récit public, pour témoigner et partager. Peut-être plus tard. Pour l’instant ce récit n’est pas ma priorité. Je préfère me concentrer sur ce que ça a déclenché de positif.
Deux ans de silence donc, que je peux couper en deux. D’abord une année d’implosion. Puis une année de patiente reconstruction.

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J’ai passé la première année à essayer de me préserver – sans vraiment y parvenir – d’un craquage annoncé, avant de finalement réussir à quitter mon emploi. Ce départ a coïncidé avec la naissance de mon troisième enfant. Cette naissance était tout un symbole, comme une bulle protectrice de pur bonheur dans un moment compliqué.
Pendant la deuxième année, je me suis recentré, et j’ai remis de la cohérence dans ma vie. Cela a été un vrai travail de fourmi, avancer pas à pas pour non seulement me relever, mais aussi arranger différemment mes priorités et mon temps. Il m’a fallu me faire beaucoup aider pour prendre du recul, et retrouver assez d’énergie pour repartir.

Ma priorité était évidente et toute simple : ma famille.

J’ai concentré ma disponibilité et mes priorités sur mes enfants. Je n’étais pas particulièrement absent de la maison ces dernières années, mais j’ai commencé à être présent différemment. Je suis redevenu disponible pour eux, intellectuellement et émotionnellement. J’ai eu beaucoup plus de temps pour m’adapter à leurs rythmes, à leurs besoins, à leurs spécificités, à leurs sensibilités aussi. C’était génial, et ça l’est toujours, même si, à être le plus présent à la maison, on se retrouve vite avec un tas de tâches ingrates et routinières à gérer, avec la fameuse charge mentale qui les accompagne.
Une super année à me dédier essentiellement à ma famille donc, mais pas que.

Si je fais un petit bilan de ces derniers mois, il y a trois points en particulier qui participent de mon nouvel équilibre.

La méditation, tout d’abord.
Vous souvenez-vous de Camille, dont le témoignage de la méditation Vipassanā est le dernier que j’ai publié ? Elle expliquait que la pratique régulière permettait d’atteindre un niveau de calme et d’équilibre, et de ne plus subir ce qui se passe. Plusieurs autres personnes avaient déjà évoqué sur ce blog les bienfaits de la méditation, pour canaliser leurs émotions ou tout simplement se centrer et vivre leur vie de zèbre, d’une façon équilibrée. Interviewer Camille a déclenché quelque chose en moi. Je me suis mis à méditer à mon tour, pas pour le publier, pas pour en parler, juste pour moi. J’avais déjà essayé quelques séances, grâce à ma compagne, qui s’était faite embarquer dans une sorte de défi de 10 jours de méditation guidée, en suivant une chaine YouTube. J’avais essayé avec elle et oui, ça s’était bien passé. Mais ce qui a réellement déclenché ma pratique, c’est l’application Petit Bambou. Beaucoup doivent connaître, car il y a des publicités sur internet et les réseaux sociaux. Il est important de préciser que je n’ai pas d’intérêt financier à parler d’eux ! J’ai commencé comme n’importe qui, en installant l’application sur mon smartphone et en suivant les premières méditations guidées gratuites. Ensuite il a fallu choisir. Arrêter là ou payer. J’ai décidé de continuer, alors je me suis abonné. Pour 6 mois d’abord. Puis pour un an.

Aujourd’hui j’en suis à près de 140 séances de méditation. J’ai médité 37 heures depuis un an et demi, ça me semble fou et pourtant c’est très petit. Ma pratique n’est pas très régulière, ni vraiment assidue. Mais elle continue, comme je peux, au milieu du rythme trépidant d’une famille débordante d’énergie, de pics émotionnels, et de tout ce qu’implique comme contraintes d’avoir un bébé à gérer. A une autre époque j’aurais sûrement été frustré de ne pas suivre assez le rythme entre les séances. Aujourd’hui j’ai un regard bienveillant et affectueux sur ça : je continue de méditer quand je peux, quand j’y pense, quand j’en ai envie. Environ une à deux fois par semaine, avec plein de variations. Et c’est très bien comme ça.

Je ne me souviens plus précisément comment j’ai vécu le début de ma pratique, en tout cas aujourd’hui je confirme tout ce que j’ai entendu sur le sujet : c’est extrêmement équilibrant, tout à fait adapté même aux adultes surdoués, d’une simplicité redoutable car il suffit de se trouver 30 minutes, presque n’importe où ou n’importe quand. J’ai médité à la maison, dans la voiture, sur un banc, dans la nature, dans le bus, à la plage… Si vous êtes capable de passer 30 minutes à glandouiller sur votre smartphone, alors vous pouvez devenir un pratiquant régulier de la méditation. C’est très économique aussi, en comparaison de séances payantes comme peuvent l’être sophrologie, relaxation, réflexologie, shiatsu, massage, ou tout autre médecine douce. Dans le cas de Petit Bambou, un an de méditations guidées illimités me revient aussi cher qu’une seule séance de n’importe quelle thérapeute. Je continue, donc, sans enjeu et sans objectifs, en écho à mon deuxième grand virage.

Je me suis désintoxiqué de mon téléphone.
Digital detox, c’est l’expression consacrée. Il y a encore deux ans, j’étais un pratiquant très assidu. Il faut dire qu’un volet important de mon travail concernait la communication, et que j’étais donc entouré de collègues littéralement branchés à des outils numériques. D’abord les emails, tout le temps, surtout avec ceux du boulot, aussi les soirs, tôt le matin et les week-ends. Sachant qu’avec les décalages horaires des antennes à l’étranger il en arrive plus où moins tout le temps. Plus les fils de discussion whatsapp et messenger qui eux sont bien mieux tolérés à la maison car plus court, légers, fun. Fils avec les amis mais plus problématiques : fils avec les collègues de boulot.

C’est tellement marrant que c’est inévitablement addictif. Donc même quand je n’allais pas à un évènement à pétaouchnok, je le suivais en direct. Et quand j’y étais, je suivais en direct sur mon téléphone les autres qui y étaient aussi. Ce fameux moment où en conférence, 20% du cerveau écoute ce qui se dit et le reste cherche le plus rapidement possible la bonne petite phrase, la bonne image et les bons comptes à tweeter. Pas tout à fait idéal pour vivre l’instant présent… Ensuite facebook, twitter, youtube, linkedin, les webdocs, vidéos d’information, de sensibilisation, les campagnes de crowdfunding, les pétitions, les concours de projets avec le plus de vote pour gagner, les actions citoyennes, et va-y que je t’envoie du hashtag et que je te mobilise la media squad. Plus les articles de presse, les media en ligne. Plus les photos, un peu en dilettante pour ma part, mais quelques comptes flickr et instagram intéressants à suivre. Plus les sollicitations par sms et snapchat, parfois pour parler, parfois complètement inutiles. Plus des jeux idiots ou moins idiots, pour passer le temps (quand il en restait). Plus toutes les applis indispensables pour vivre n’est-ce pas, pour les trajets, suivre son emploi du temps, acheter, gérer son administratif et toutes sortes de fonctionnalités beaucoup plus rapide à gérer d’un téléphone que d’un ordi.
Une indigestion digitale.

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Lorsque j’ai arrêté de travailler, il y a eu d’abord une phase de décompensation du burn-out, où j’étais au plus mal. Je n’étais plus en capacité de faire grand chose, mais je continuais pourtant à avoir une pratique numérique intense. Au fil des semaines, j’ai progressivement pris conscience que c’était beaucoup trop, et surtout que c’est très peu nourrissant. C’était même le contraire : ça me mangeait mon énergie. A titre personnel, une heure de ballade avec soi-même est en fait infiniment plus nourrissant qu’une heure de picorage compulsif sur les réseaux sociaux. Évidemment, lorsque j’étais en charge de tout ce qui pouvait avoir un lien avec du digital, être super connecté et super réactif s’expliquait. Mais là ?

C’est la méditation qui m’a amené à me désintoxiquer, peu à peu. Car à force de me recentrer régulièrement sur mon souffle, mon corps, mon environnement et la nature qui m’entoure – même en ville – j’ai lâché progressivement des habitudes compulsives. J’ai supprimé la plupart des notifications. J’ai arrêté de suivre beaucoup de choses. J’ai eu plus de moments pour réfléchir. Et j’ai commencé à gagner du temps. Beaucoup de temps. Et beaucoup de calme intérieur aussi. De la sérénité. Aujourd’hui je suis probablement moins informé. Je suis aussi moins au fait de l’actualité, notamment celle liée à mon ancien métier. Mais je brasse moins d’air aussi. Je bloque moins mon écran, et je me sens moins stressé. Et j’ai rééquilibré le rapport entre ma vie numérique – artificielle et parfois superficielle ; et ma vraie vie réelle – concrète, humaine, plus terre à terre. J’ai repris sérieusement le sport par exemple, et j’ai du temps pour jouer ou parler avec les enfants.

J’ai toujours mon téléphone. Je m’en sers moins, même si par rapport à d’autres je m’en sers beaucoup. Mais je m’en sers différemment.
Guérir de ma fièvre numérique a eu un avantage imprévu : j’ai pu avancer beaucoup plus vite sur des projets qui me tenaient à cœur, et un en particulier.

La transition écologique, pour de vrai.
Cela fait des années que je suis catalogué écolo. Il faut dire qu’avant j’étais déjà catalogué humanitaire, donc depuis longtemps mes proches ont eu l’habitude que j’affiche une volonté de contre courant. J’ai beaucoup de critiques à formuler sur le principe même de fonctionnement de nos sociétés occidentales, qui – de ma lecture des choses – vivent confortablement, essentiellement grâce aux richesses qu’elles ont piquées ailleurs, et ce depuis des décennies.

Avec cette sensibilité disons, alternative, j’ai toujours été très content de pratiquer un mode de vie un peu écologique, et aussi de dénoncer chez les autres ce qui n’allait pas dans le sens d’un respect de l’environnement ou des personnes les plus pauvres. J’achetais un peu de bio ou d’équitable. Ou du local. Je recyclais. J’évitais de gaspiller. Je voyageais en routard. Mais globalement on ne peut pas dire que ça changeait grand chose au volume de mes poubelles ou à mon empreinte carbone. Puis pendant quelques années, j’ai travaillé pour lutter contre les changements climatiques, et c’est là que j’ai pris conscience de l’urgence qu’il y a à changer complètement de mode de vie. Depuis le burn-out, ça y est, je suis en train de le faire, et pas seulement de l’effleurer, ou de le penser ou d’en parler.

Peut-être car j’ai plus de temps. Peut-être car je milite moins de façon numérique, et plus dans la vraie vie. Ou peut-être car je me suis recentré sur ce qui fait profondément sens pour moi.
Mais en tout cas c’est arrivé : ça s’est enclenché, et ça continue. Jusqu’à présent j’étais considéré comme écolo, or je pense que seulement maintenant je suis en train de le devenir. En fait : toute ma petite famille est en train de le devenir. Nous avons commencé par participer à un projet d’accompagnement de familles vers une réduction de 50% de leur empreinte carbone. Ensuite tranquillement, ça s’est enchaîné : réduire la viande, manger bio local en vrac, utiliser du lavable, réduire notre consommation d’électricité, changer nos destinations de vacances et réduire les kilomètres en voiture, composter, entre autres. Maintenant on en est à réduire le plastique et la poubelle, et ça va vite ! J’ai toujours agi en ce sens, mais pourtant mon empreinte carbone était toujours trop haute, bien trop haute.

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Aujourd’hui en terme d’impact écologique, je suis encore très haut par rapport à un malien ou un afghan, mais je suis très bas par rapport à un français moyen. Et si ça continue comme ça, notre famille de 5 personnes va bientôt – si ce n’est pas déjà le cas – émettre bien moins de carbone que ce qui est supportable par la planète. Bien sûr, je n’ai plus le même rythme professionnel trépidant qui augmentait mon risque de mal consommer. Mais il y a des changements profonds, durables, stables. Je milite moins, je pratique plus. En fait c’est très satisfaisant, de faire. C’est plus tranquille. C’est une des conséquences de cette mise en cohérence globale : certains changements que j’espérais se font réellement, et plus par micro petites touches, qui en fait sont aussi insuffisantes que frustrantes. Ça ouvre de nouvelles perspectives, et ça permet de cheminer avec plus de plaisir.
Agir rend heureux, comme disait l’autre.

J’ai donc arrêté le blog pendant deux ans.

Mais j’ai pris du recul. Je me suis réparé, ce n’est pas terminé mais c’est très bien avancé. Je me suis recentré sur ce qui est important pour moi et j’ai agi.
Aujourd’hui je suis profondément satisfait d’avoir cheminé ainsi, en acceptant ce qui m’arrivait et en trouvant les petits bonheurs là où ils sont. Aujourd’hui aussi, le blog me manque, alors je vais rouvrir ce travail.

Je ne sais pas si tout sera exactement pareil, car il faudrait que j’allège et que je simplifie. Peut être que tel quel c’est trop important comme travail pour une seule personne, et qu’il me faut profiter des bonnes volontés qui se sont régulièrement manifestées, pour participer ou pour aider. Est-ce qu’il faudrait un petit groupe de soutien ou de pilotage ? Est-ce que certains d’entre vous veulent aller recueillir des témoignages ? Aider au compte facebook ? Quelles nouvelles fonctionnalités sont envisageables ?

Il y a deux – peut-être trois – interviews qui dorment dans mes cartons depuis tout ce temps, je vais essayer de les publier dans les mois qui viennent. Ensuite… à voir ! Toutes les idées sont les bienvenues. Je ne garantis pas que je pourrais répondre à tout le monde, mais je lirais vos avis avec intérêt, alors n’hésitez pas à commenter ou à m’écrire.

Je serai aussi content de savoir si vous êtes encore là !

Ce blog aura servi depuis plus de 4 ans de filet de sécurité à beaucoup de monde, à nous maintenant de le remettre en service.

Merci encore pour votre soutien et votre intérêt,

A bientôt !

10 réponses à “Un long silence de 2 ans : pourquoi ?

  1. Bon retour parmi nous !
    Le trajet remontant m’a l’air bien engagé et c’est chouette de proposer de nouvelles pistes vers lesquelles nous pouvons aller tous ensemble même si chacun chez lui.
    🙂

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  2. Welcome back coco 👌😙😎
    Suggestion : un blog sans pubs qui s’incrustent ? C’est écolo décroissant ça.
    Et en plus j’en ai marre de voir mes paires de shoes achetées en ligne aux milieu des tiennes ! (Et ça va que c’est des chaussures..)
    Bises

    Aimé par 2 personnes

    • Merci de l’idée minot 😉 ! Avec du retard : oui c’est à faire, je voulais en faire l’économie mais si c’est relou pour vous, allez, je mettrai la main à la poche 🤑. Bises

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  3. Bonjour tout le monde. Je ne suis aucun blog, mais par contre, celui ci je suis contente d’avoir reçu des nouvelles. Je l’avais suivi de loin il y trois ans, je n’avais pas vu qu’il avait périclité un peu car je me suis désintoxiquée aussi d’internet… et je le redécouvre grâce à ton article. Je suis contente. J’envoie juste un mot pour dire que je suis passée par la même phase. Que j’en suis à reconstruire : mi-temps, habitat autonome, recentrage sur la famille et les fondamentaux aussi. Et que ça me ferait plaisir d’échanger autour de cela et de tout ce qui est super dans la douance. Je trouve entre autre que ça nous permet d’être de supers accompagnant pour nos enfants ! (si on a bossé la gestion émotionnelle :-DDD) Voilà à bientôt peut-être

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  4. Voilà un article un peu long , mais plein d’enseignements et de richesses. Le rapport avec les gens sur un blog est bine différent ce celui des réseaux sociaux. Pourtant ces derniers bouffent tout et surtout la qualité de la communication . C’est bien dommage . Je vous souhaite de reprendre le chemin de ce blog et d’y retrouver du plaisir.

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  5. Un hasard au tournant… Je tombe sur ce retour 😊 il y’a 2 ans je commençais ici quand tu « tombais » . Déjà connu : burn out, famille, reconstruction lente, monde numérique, desintoxe, méditation, essence des choses et… L’histoire de ma vie aussi…. Engagement ecolo! Je milite moins, je pratique plus…. Bien écrit ça! Bravo pour tout ton parcours. J’ai des sujets de développement durable si…

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