(Suite du témoignage de Philippe, 42 ans – Extrait 7/10)
Quand je ne vais pas bien, je m’isole. Trop, probablement. Car quand je suis mal et que je suis avec des gens, je ne suis pas à l’écoute, pas disponible. J’en suis incapable. Et je me terre chez moi. Parfois j’y suis bien, parfois je tourne en rond, ça mouline sans cesse dans ma tête. Ces phases sont assez fréquentes et sont redevenues aigües l’année dernière suite à un échec amoureux. Le ressassement produit a été épouvantable. La seule manière que j’ai trouvé d’échapper à cet état, c’est de me projeter dans le futur. J’ai donc écrit des textes de chansons, des sketchs. Être créatif. Pour échapper à moi-même.
Je pense que l’envie de témoigner sur le blog correspond à ce besoin d’écrire, de poser les choses, de témoigner, de marquer une étape.
Parfois c’est horrible à vivre, ces idées sombres, morbides. Tout se retrouve au même niveau, tout se noircit. L’extrême de ma pensée envisage le suicide – même si je n’ai jamais été tenté de passer à l’acte. Comme une effervescence qui mélange tout, qui ressasse tout, et m’entraîne vers le bas. Ça me poursuit toute la nuit, toutes les nuits. Cette sensation d’oppression dans ma cage thoracique, ou comme déchiré, au dessus de ma peau. Ça me déprime et me donne envie de pleurer, mais ça ne vient pas toujours, pourtant lorsque les larmes viennent, ça fait du bien.
Heureusement, malgré mon hypersensibilité et mes périodes de douleur émotionnelle, mon instinct de survie m’éloigne des comportements et des relations malsaines. J’ai toujours eu cet instinct.
Malheureusement je n’ai pas beaucoup de techniques pour sortir de cet état… Alors j’apprends à prendre mon mal en patience, ou si j’en ai l’énergie je décroche mon téléphone et prend RDV pour une séance de quelque chose, avec un rapport au corps. Je sais que ça me fait toujours du bien, mais comme il y a souvent du délai ce n’est pas toujours adapté. Sinon… j’attends que ça passe et je m’occupe. Je lis, je vais au cinéma, je joue du piano… depuis peu je me suis mis au sport, car j’ai remarqué que me défouler fait la différence. Être défoulé puis détendu physiquement calme le mental. Et j’ai la chance d’avoir le sommeil réparateur. Donc … je rêve beaucoup et plonge sans hésitation dans le sommeil dès que je sens qu’il se pointe !