(Suite du témoignage de Landry, 28 ans)
Ma grand-mère avait regardé un reportage sur une école spécialisée dans la douance. Elle en a parlé à ma mère puis elle qui m’a dit « Landry, je crois que tu es surdoué ». C’est parti de là. J’avais 14 ans, c’était 2 ans avant de passer le test.
Ma sœur a bien ri ! Quant à ma mère je ne sais pas ce qu’elle en a pensé.
A cette époque-là, il aurait fallu que je sois accompagné par un psy, ou soutenu. J’avais des tocs que je cachais bien, par exemple faire des petits raclements de gorge, ou des clignements d’yeux que je devais faire 4 fois. Si je me trompais, je devais en faire 4 de plus. Quand tu arrives à 16, alors que tu viens d’en faire 8, et avant 4, ça prend du temps. Et les petits sauts à pieds joints ! Quand même, comment ils on fait pour ne pas voir ça ? Dans les couloirs du collège, je m’arrêtais et hop!, je faisais un petit saut et repartais. Une élève d’une autre classe m’a demandé pourquoi. Je pouvais me retenir mais je ne sais pas pourquoi, il fallait que je le fasse. Ça me met en colère : ils auraient pu m’aider, c’était visible et forcément l’expression d’un problème. Mais je n’avais pas d’ami avec qui en parler, personne avec qui je me serais senti bien, pas de psychologue scolaire. Une fois, la CPE m’a convoqué ainsi qu’un camarade qui m’avait fait briser une vitre avec ma tête. Elle avait un beau prétexte pour me parler et demander pourquoi le camarade me malmenait, si quelque chose n’allait pas, mais elle n’a rien cherché à comprendre.
Pourtant je sais très bien que beaucoup de personnes voyaient que ça n’allait pas et que j’étais malheureux.
Donc quand ma grand-mère m’a parlé de surdouance, ça a « autorisé »ce que je ressentais mais que j’inhibais et ignorais. Au fond de moi je savais que je n’étais « pas si mal », pas si bête surtout. Et j’ai commencé à écouter mes sentiments.