(Suite du témoignage de Bruno, 58 ans)
Avec le recul, je crois que j’ai trouvé quelques techniques palliatives pour aller bien.
Lorsque je vais mal, j’ai appris à différer mes réactions, à ne plus réagir immédiatement, surtout sur le coup de pics émotionnels. J’installe un temps de latence et je prends de la distance par rapport à moi-même. Je vis l’émotion, puis très rapidement je l’observe et je m’observe avec bienveillance et humour. Cela est devenu possible parce que j’ai renforcé la dimension spirituelle de mon existence. A la fois par la méditation, et aussi par la prière, la foi. C’est une façon d’aller vers plus de lâcher prise, d’arrêter de m’arc-bouter et de sur-réagir.
J’utilise les jeux sur le téléphone ou la tablette, pour “débrancher mon cerveau”. Je joue au sudoku, à une course de voiture qui donne des sensations géniales ou autres jeux de simulation. Tous mes copains savent que je joue sur l’ordinateur à un jeu de navigation à la voile autour du monde. Il s’agit en temps réel, pendant plusieurs semaines de diriger son bateau et de tirer des bords en fonction des vents. Ça fait trois fois que je fais le tour du globe. Je suis complètement dedans : il faut parfois se réveiller la nuit, faire des quarts etc. Le côté virtuel ne me gène pas plus que ça. Ce n’est pas un jeu anodin, j’ai par exemple vécu des expérience éprouvantes dans les 40ème rugissants !
Ce qui me génère du plaisir, c’est de me confronter à des jeux que je trouve difficiles, de passer des épreuves qui sont dures. Par exemple au sudoku je vais bientôt atteindre les 1000 parties gagnées d’affilée, et en soit c’est un exploit, sûrement ridicule mais il m’aura quand même fallu trois ans !