(Suite du témoignage de Delphine, 36 ans)
J’étais marginalisée, enfant : végétarienne, fille d’artiste et de divorcés, ce qui à l’époque était assez mal vu.
Une conversation avec une camarade de classe me revient, qui est assez représentative. « Mais alors, vous ne vivez pas avec ton père, ta mère est peintre, alors ça veut dire que quand vous mangez de la viande à la maison, c’est la fête ? » Et moi de répondre « Ben non, on est végétarien ». Je l’ai vue se décomposer… Un gouffre de décalage.
Il y a aussi que ça se « voyait » vestimentairement. Au collège ma mère me laissait porter ses costumes de théâtre, j’adorais celui de la cantatrice chauve : grande robe, chapeau à voilette, grande cape noire, ça passait pour un style gothique. Je mettais les habits que je trouvais beaux, comme une grande robe de gitane. Je pensais que les vêtements griffés avec des gros logos étaient affreux et absurdes, ne devrait-on pas être payé par les marques pour promouvoir comme les cyclistes les grandes firmes ? Je trouvais mes camarades complètement idiots de faire de la pub gratuite. Ça renforçait ma spécificité. Mais ça me faisait plaisir d’être différente, quelque part…
Et puis j’avais beaucoup de soupapes. Il n’y avait pas que l’école, on avait aussi la campagne, les bêtes. J’étais très libre. Quand je manquais d’amis, je commençais une nouvelle activité, sportive, artistique. Ça me suffisait pour rencontrer des gens nouveaux, à me nourrir, à conserver certaines personnes dans mon cercle de contacts. On avait aussi des chevaux. Je montais à cru, j’avais l’impression d’être Pocahontas, et j’étais persuadée que je ne conduirai jamais de voiture et que je vivrai dans la nature toute ma vie !
Témoignage très prenant, avec un vrai point de vue et quelques remarques vraiment perspicaces. La suite !
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Ah ah merci ! Ça arrive, vendredi !
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